LES SOULÈVEMENTS DU FLEUVE – SAISON 1
LUTTER CONTRE CONTENEURISATION DU FLEUVE
Suite à l’échec des méthodes plus conventionnelles, nous en appelons à rejoindre les luttes locales, lesquelles ont intégré la résistance à leur quotidien. Elles refusent de voir leurs milieux de vie quadrillés de routes, de rails et de conteneurs. Se rassembler, construire, bloquer et désarmer, que ce soit par amour pour une friche, un champ, une forêt, une rivière ou en solidarité avec un groupe. C’est ce qui devra constituer la base d’un mouvement de résistance contre la conteneurisation du fleuve, et qui tracera les possibilités d’un autre monde. Nous nous opposons à la transformation du fleuve en autoroute à bateaux. Nous nous soulevons pour défendre le fleuve, les berges et le Vivant.
Dans les dernières décennies, la croissance effrénée du commerce international a provoqué une augmentation sans précédent du transport maritime. Plus de croissance, plus de marchandises, plus de navires et plus de berges ensevelies sous le béton. L’accès à l’estuaire du Saint-Laurent a d’abord été colonisé puis privatisé, avant d’être accaparé par les plus riches sans égard pour les communautés, les faunes ou les flores riveraines.
CONTENEURISATION
Suite à l’échec des méthodes plus conventionnelles, nous en appelons à rejoindre les luttes locales, lesquelles ont intégré la résistance à leur quotidien. Elles refusent de voir leurs milieux de vie quadrillés de routes, de rails et de conteneurs. Se rassembler, construire, bloquer et désarmer, que ce soit par amour pour une friche, un champ, une forêt, une rivière ou en solidarité avec un groupe. C’est ce qui devra constituer la base d’un mouvement de résistance contre la conteneurisation du fleuve, et qui tracera les possibilités d’un autre monde. Nous nous opposons à la transformation du fleuve en autoroute à bateaux. Nous nous soulevons pour défendre le fleuve, les berges et le Vivant…
Dans les dernières décennies, la croissance effrénée du commerce international a provoqué une augmentation sans précédent du transport maritime. Plus de croissance, plus de marchandises, plus de navires et plus de berges ensevelies sous le béton. L’accès à l’estuaire du Saint-Laurent a d’abord été colonisé puis privatisé, avant d’être accaparé par les plus riches sans égard pour les communautés, les faunes ou les flores riveraines.
La transformation du fleuve et de ses affluents est un symptôme de l’expansion mondiale de notre système économique colonial et extractiviste. Au cours du 20e siècle, les flux maritimes se sont massifiés et internationalisés, d’abord avec le pétrole dans les années 1930, puis avec les minerais industriels (tels que l’amiante, la chromite, l’argile, le calcaire, etc.) à partir de 1950. De décennie en décennie, le tonnage (la capacité de transport) des navires s’est donc accru et le trafic maritime s’est déplacé des côtes vers l’océan. Plusieurs vagues de délocalisation ont nourri encore davantage ce transport maritime, les produits manufacturés devant désormais être acheminés par cargos aux consommateur·trice·s de l’Occident. Cette économie-monde a engagé plusieurs pays dans un développement accéléré, inégal et chaotique au bénéfice des métropoles occidentales.
Aujourd’hui, c’est entre autres à cause du besoin effréné de minéraux “critiques et stratégiques” (lithium, graphite, phosphate, cuivre, niobium, zinc, nickel, cobalt, fer) de la « transition énergétique » que se développent ces flux maritimes. En à peine 20 ans, le volume de marchandises qui transigent par les voies maritimes internationales a presque quadruplé, passant de 600 millions à 2 milliards de tonnes. Les canaux de Panama et de Suez ont même engagé des travaux d’agrandissement pour répondre à la nouvelle échelle des flux et des navires. Dans toutes les régions du monde, les ports industriels connaissent des expansions massives pour répondre à la croissance de leurs activités et s’adapter au gigantisme des navires. Les porte-conteneurs les plus imposants mesurent 400 mètres de long et logent jusqu’à 20 000 conteneurs.
PLUS DE MARCHANDISES
PLUS DE NAVIRES
ENFERMER LE MONDE EN BOÎTE
Dans les territoires colonisés, on exploite encore aujourd’hui les « ressources naturelles », la main-d’oeuvre, les capacités agricoles des sols et les territoires en général, afin d’alimenter la croissance économique et le consumérisme de l’Europe et de l’Amérique du Nord. Cette transition technologique nous détourne de la véritable urgence climatique, en plus de reproduire et de renforcer cette logique d’échange inégaux dans les Suds. Cette réalité est à l’origine de désastre comme le génocide en cours au Congo, la destruction des territoires non-cédés en Amazonie ou la répression coloniale en Kanaky (soi-disant Nouvelle-Calédonie). À ce jour, ce sont cent mille vraquiers, pétroliers et porte-conteneurs qui sillonnent les mers avec, à leur bord, les ressources du monde exploité. Outil et symbole de cette mondialisation spoliatrice, la conteneurisation consiste finalement à « enfermer le monde dans des boîtes métalliques » standardisées (Frémont, 2007) pour vendre aux plus privilégié⋅e⋅s et jeter l’excédent chez les plus exploité·e⋅s. Dans les dépotoirs d’Asie du Sud-Est, les déchets de l’Occident s’empilent et empoisonnent l’eau à laquelle s’abreuvent les habitants·e⋅s. Lorsque l’on aperçoit un conteneur sur un train, un camion ou un navire, on devine les territoires dévastés, les travailleurs·euses exploité·e⋅s, les berges bétonnées, la pollution des océans et le vol des richesses des Suds. Le conteneur et sa logistique sont le symbole des crises sociales et écologique actuelles. Paradoxalement, cet immense réseau de transport est aussi le maillon le plus vulnérable de ces industries extractives. C’est donc à cette conteneurisation que nous proposons de s’attaquer.
TRANSFORMER LE FLEUVE EN AUTOROUTE
« La vallée du Saint-Laurent doit être le point de départ d’une nouvelle conquête, non plus à l’échelle d’un continent, mais de la planète » écrivait Legault en 2013 dans son livre sur le Projet Saint-Laurent. Renouvelant le projet colonial québécois et canadien, les gouvernements et les multinationales s’allient pour intensifier le flux maritime sur le fleuve Saint-Laurent et favoriser l’exploitation des territoires Cris, Innus et Inuit. Dans cette vision financière fondée sur la croissance du PIB, le fleuve est avant toute chose un couloir maritime de transport encore sous-utilisé pour la circulation de conteneurs…
Pour répondre à leur double objectif d’accélérer la croissance économique et d’« occuper le Nord », les multinationales et l’État cherchent activement à augmenter le trafic maritime, bétonner les rives, développer de nouvelles zones portuaires industrielles et moderniser les importantes infrastructures déjà existantes. Pourtant, ce même fleuve, sa riche biodiversité et toutes les populations qui en vivent sont plus que jamais menacés par cette vision du progrès. L’artificialisation du Saint-Laurent met en péril une biodiversité plus que fragile et pousse le fleuve vers un point de bascule. La crise du Saint-Laurent prend plusieurs formes. Cette année, le réchauffement des eaux profondes a mené au moratoire sur la pêche de la crevette nordique, affectant la qualité de vie des communautés nord-côtières. Au-delà du réchauffement des eaux, le trafic maritime actuel constitue une des principales pressions sur les écosystèmes marins du fleuve Saint-Laurent. Les 8 000 navires qui y circulent chaque année nuisent à la communication des baleines et des bélugas et donnent lieu à des collisions mortelles. En provenance du monde entier, ces bateaux apportent aussi avec eux des espèces envahissantes comme la moule zébrée ou le gobie à taches noires qui menacent l’intégrité des écosystèmes et contribuent au déclin des espèces existantes. Le trafic de ces immenses bateaux rappelle aussi la collision entre le porte-conteneurs et le pont de Baltimore, l’explosion du port de Beyrouth ou encore tous les déversements qui suivent ce genre d’incidents. Personne n’est à l’abri de ces accidents aussi fréquents que meurtriers. De telles catastrophes seraient des points de non-retour pour le fleuve, et ses riverain·e⋅s. Il est impossible de comprendre la santé du Saint-Laurent sans s’attarder à ses affluents et aux territoires qui le bordent. L’état des sols de la région de Québec, mais aussi de la rive sud du fleuve en général, est dans une situation critique à cause des activités industrielles, urbaines et agricoles intensives, de la destruction des milieux naturels à l’intérieur des bandes riveraines (milieux humides, prairies, forêts) et de la très forte densité routière. À certains endroits, ces terres riveraines sont dans un état critique et perdent jusqu’à 2 mètres par an. Ce phénomène d’érosion est accéléré par les changements climatiques (gel/dégel, débit d’eau, tempêtes, etc.), par la déforestation des berges et par le batillage des bateaux commerciaux et bateaux de plaisance empruntant le Saint-Laurent.
LUTTES AU LONG DU FLEUVE
Les Soulèvements du fleuve cherchent à mettre de l’avant les luttes qui parcourent le Saint-Laurent contre l’expansion et la Modernisation des ports en eaux profondes et la conteneurisation du fleuve